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Basilique NotrE-DamE de la Trinité • BLOIS

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Commanditaire
Archiconfrérie des Trois Ave Maria

Architectes
Charles-Henri Besnard(1881-1946), Paul Rouvière (1906-1939), Yves-Marie Froidevaux (1907-1983)

Décorateurs
Jean et Karine Barillet (tapissiers), Louis Barillet (maître verrier), André Bizette-Lindet (sculpteur), Jean LambertRucki (sculpteur), Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen (maîtres-verriers), Jan et Joël Martel (sculpteurs), Paccard (fondeur de cloches ), Jean Puiforcat (orfèvre)

 

Construction

1936-1949

Le contexte

Après la première guerre mondiale, le clergé est face à un enjeu de taille: la nécessité de reconstruire les églises détruites et d’acquérir à sa cause les habitants des banlieues le poussent à se lancer dans de nombreux chantiers. C’est, à Paris et dans sa banlieue, ce qu’on a appelé les «chantiers du cardinal» (1931-1937). Depuis le début du siècle, certains membres du clergé sont ouverts et intéressés à une forme d’innovation artistique et culturelle. Au même moment, de nombreux artistes manifestent leur intérêt pour l’art monumental et décoratif. Le résultat est un développement considérable de l’art religieux et son ouverture à la modernité.

 

Le commanditaire

Peu avant 1900, le Père Jean-Baptiste, capucin de Blois, découvre la lecture des écrits du franciscain saint Léonard de Port-Maurice (mort en 1751) et la pratique quotidienne des Trois Ave Maria, usage en honneur depuis le 13e siècle et recommandée par plusieurs saints. Le Père Jean-Baptiste consacre sa vie à la diffusion de cette pratique. Il obtient de l’évêque de Blois, en 1917, la fondation d’une association qui devient après sa mort en 1918 l’archiconfrérie des Trois Ave Maria, approuvée par le pape Benoît XV. En 1931, l’archiconfrérie décide d’ériger une église.

 

L’architecte

Le projet est confié à Charles-Henri Besnard (1881-1946), architecte en chef des monuments historiques depuis 1920, qui s’était déjà illustré avec la construction, dans la tradition rationaliste d’Anatole de Baudot, de l’église Saint-Christophe de Javel (1926-1934). Il propose d’élever une église en béton et briques rouges. Mais des difficultés entraîneront l’arrêt du chantier en 1934. C’est Paul Rouvière (1906-1939) qui hérite du chantier. Il était connu pour la réalisation de logements rue Lecourbe à Paris ainsi que pour la construction de la chapelle Saint- Bruno à Issy- les-Moulineaux dans le cadre des «chantiers du cardinal». Malheureusement, Paul Rouvière est tué en 1939. Le gros oeuvre est alors achevé, mais les travaux sont suspendus. En 1946, l’architecte Yves-Marie Froidevaux (1907-1983) reprend le chantier en s’attaquant à l’aménagement intérieur. Son intervention ne trahit pas les travaux de ses prédécesseurs.

 

L’édifice

Le projet proposé par Paul Rouvière reprend la superstructure créée précédemment: plan basilical avec une abside semi-circulaire, bas-côté simple flanqué de chapelles latérales, porche rectangulaire en façade. Toutefois, il allège le projet de Besnard en substituant à la brique rouge le gravier de Loire utilisé en épiderme selon les méthodes mises au point par Auguste Perret au musée des travaux publics à Paris en 1936. Implantée sur le coteau nord de Blois, la façade tournée vers la Loire, au détriment de l’orientation habituelle vers l’orient, la basilique avec son clocher de plan carré, s’élevant à 60 mètres, marque fortement le paysage. L’élévation extérieure fait montre d’une grande sobriété, tant par ses lignes géométriques que par son décor. 

 

L’édifice se présente comme un agencement de volumes simples, et s’il évoque, dans son allure générale, une église traditionnelle, l’économie des moyens est remarquable. Il incarne à merveille le souhait exprimé par un Joseph Pichard, fondateur en 1935 de la revue Art Sacré, qui écrivait: «Il est temps de respecter la pureté des colonnes et des murs». L’utilisation de matériaux nouveaux comme le béton favorise la rigueur et la géométrisation. Le cloître obéit aussi à cette ascèse architecturale. Mais la vue qu’on y a sur la Loire trahit un sens évident de la mise en scène.

 

On accède à l’entrée par un escalier à double volée. La façade percée de 3 portails précédés d’un porche profond est dominée par un fronton triangulaire orné d’un haut relief figuratif en béton de 20 mètres de haut, des sculpteurs Jan et Joël Martel (1896-1966). Frontalité, pans schématiques, monumentalité sont autant les repères d’une certaine modernité qu’un rappel de la sculpture romane. Cette impression est confortée par les superbes statues-colonnes du porche, représentant des prophètes, allusion limpide aux célèbre aînées de l’art roman. Elles témoignent en outre de la soumission du décor à l’architecture.

 

L’édifice réunit le concours des meilleurs représentants de l’art sacré de l’époque et le raffinement du décor laisse admiratif. Ainsi les vantaux du portail d’entrée, en laque rouge et en bronze, ontils été réalisés par le sculpteur Jean Lambert-Rucki. A l’intérieur, on remarque deux escaliers qui servent de raidisseurs. La nef est rythmée de sept travées égales par des piliers en ciment qui supportent les bas-côtés. Le couvrement est réalisé par d’élégants arcs-diaphragme. Surtout, quatorze verrières se déroulent sur toute la nef, œuvres des verriers Louis Barillet (qui a fourni le dessin), Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen. Elles illustrent les mystères de la vie de Marie, de sa prédestination jusqu’à son assomption. Louis Barillet participait à de nombreux chantiers et collabora avec quelques-uns des grands noms de ce siècle : Maurice Denis, Rob Mallet-Stevens… Il appartient, avec Jean Lambert-Rucki, auteur du chemin de croix qui court au-dessous des verrières, du retable situé dans la chapelle du Saint-Sacrement, avec Jean et Karine Barillet, auteurs des tapisseries qui ornent l’abside, avec André Bizette-Lindet, auteur de l’autel situé dans la crypte, à l’UAM (Union des Artistes Modernes) dont l’article premier précisait qu’elle avait «pour but de grouper des artistes en sympathie de tendances et d’esprit». La fonction monumentale accordée à la sculpture, le rapprochement des arts mineurs et des arts majeurs, l’utilisation de nouveaux matériaux, la recherche de pureté et la condamnation de l’ancien, du pittoresque sont autant de traits qui fondent, en 1929, l’UAM et qu’on décèle dans la basilique Notre-Dame-de-la-Trinité de Blois. L’édifice est consacré le 16 juillet 1949. En 1956, le pape Pie XII lui accorde le titre de basilique dite «mineure» afin de souligner son rôle de centre mondial de l’archiconfrérie des Trois Ave Maria.

 

Actualité

Aujourd’hui important centre de pèlerinage, la basilique qui présente une grande homogénéité architecturale et décorative est considérée comme un édifice majeur de l’art sacré de l’entre-deux-guerres. La basilique dans son ensemble, son soubassement, les escaliers et le parvis, ainsi que, le cloître, les galeries et le préau, les bâtiments conventuels et la salle de conférence sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1994. L’ensemble est dans un bon état de conservation. Le classement est intervenu en novembre 1996.

Sources

archives CRMH-DRAC Centre Basilique à Blois.

L’Architecture; 1939; p. 85-94. Église Notre-Dame de la Trinité.

L’Architecture d’aujourd’hui; 1938; no 7, p. 85-94.

 

Véronique de Montchalin, 2005 Basilique Notre-Dame de la Trinité
Service éducatif Patrimoine DRAC Centre | Professeur missionné par l’académie d’Orléans-Tours. Janvier 2006

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